Historique Public
Pendant les années qui guidèrent Zygfry auprès des siens, il apprit à la dure le chemin d’un chef de guerre. N’héritant pas d’abord des titres de son père, il dut diriger de petits raids, de petites troupes, jusqu’à en devenir une réelle menace. Il était reconnu pour être le genre de pillard sachant fouiller dans tous les recoins et ne laissant aucun follet derrière lui après son passage. Cependant, et surtout, c’était un homme de tactique ; il appréciait la bataille et l’art de la guerre l’entourant.
Le surnom du Vautour lui vint du raid sur le château de Guèvrebert aux frontières corrésiennes du Sarrenhor. Un baron, Marcel d’Obedrie, avait pris position dans un fortin construit dans les plus solides pierres. Bien qu’il avait une bonne réputation, le seigneur d’Obedrie comprenait peu la culture sarren et la facilité avec laquelle les chevaucheurs pouvaient s’en prendre à un château. Zygfry avait depuis longtemps acquis une réputation de pillard enviable et, déjà, plusieurs soldats le suivaient. Il devait être rappelé par un certain Wenceslas des Plaines suite à la défaite de son père, mais, avant de partir, il voulait laisser sa marque.
Lui et ses 600 hommes attaquèrent donc une caravane marchande qui s’apprêtait à ravitailler le château de Guèvrebert. Après avoir massacré les hommes et les femmes qui tenaient cette caravane, laissant les cadavres à la vue des gens du château, Zygfry s’adressa au seigneur des lieux : « Alors, sieur Marcel, que fais-tu de ton honneur ? Viens-tu défendre tes serfs ? Nous assiégerons ton château et le prendrons. C’est Zygfry, fils de Yurig qui te le dit. »
Les chevaucheurs Sarren crièrent tous en cœur. Aucune réponse du seigneur. Le siège pouvait débuter. Durant les vingt longs jours que dura celui-ci, les hommes de Zygfry pillèrent les ravitaillements qui venaient vers la place-forte, la privant peu à peu de nourriture. Au vingt-et-unième jour, Marcel d’Obedrie se présenta aux remparts en demandant la clémence de Zygfry. Les négociations furent brèves et le Corrésien proposa la quasi-totalité de ses richesses pour sauver sa vie. Il savait que les cinq cents hommes affamés qu’il abritait dans sa place-forte risquaient à tout moment de se retourner contre lui et de le livrer à l’ennemi sarren.
Cependant, ce calcul du seigneur d’Obedrie ne prenait pas en compte le désir profond de Zygfry de marquer l’Histoire. Au moment où le seigneur des lieux voulut se rendre, les Sarrens passèrent à l’action. Une fois les portes ouvertes, la charge fut sonnée et, avant que la herse principale ne puisse être refermée, le bastion fut envahi par les hennissements des chevaux. Zygfry entra sans difficulté à l’intérieur du fortin vide de toute nourriture. Certains conteurs affirment que Zygfry tua personnellement Marcel d’Obedrie et la plupart de ses protecteurs. D’autres soutiennent que les défenseurs des lieux furent pris en esclavage. Une chose est sûre : Zygfry pilla le château jusqu’à son dernier follet. Il fit démanteler les remparts et les tours de garde de l’endroit et fit incendier son donjon principal. Tel le vautour dans les steppes, il avait attendu le bon moment pour se sustenter du cadavre de son ennemi. C’est à partir de ce moment qu’à travers le Sarrenhor le jeune chef de guerre fut connu sous le nom de Zygfry le Vautour.
Les années de service de Zygfry auprès de Wenceslas des Plaines lors des décennies suivantes n’allaient jamais éclipser cet exploit digne des plus grands pillards. Malgré les enseignements du paladin du Heaume, le Vautour nourrit toujours en lui le désir toujours plus intense de renouer avec sa réputation…